lundi 24 janvier 2011

Les missions "Angelo" - Troisième partie


Je devais avoir 7 ou 8 ans. Elle m’avait dit :

- - Vite, mets ton manteau, sors, va dans le parc en face. Tout au fond, va voir la petite maison de bois rond. Dis-moi si la famille d’écureuils y habite encore. Je crois qu’ils vont mourir de faim cet hiver. Tu sais ce que tu dois faire.

Je dois ici faire une parenthèse concernant les écureuils. Nous avions une relation très particulière avec ces animaux. C’était notre cause, les écureuils. Chaque automne, il y avait la corvée « glands ». Dans le parc, en face, il y avait une forêt de chênes. Chaque automne, ma sœur et moi traversions avec chacune un contenant de margarine vide et nous devions le remplir de glands. Puis, de retour à la maison, il fallait trier les glands par grosseur. Dans ce temps-là, les seuls glands qui existaient étaient ceux des chênes… Une fois triés, on les cachait dans la cour, dans les trous des blocs de ciment gris qui retenaient l’escalier de la porte de côté, que plus personne n’utilisait. On avait deux écureuils : un petit et un gros. Alors les petits glands étaient pour le petit et les gros…

Il n’avait jamais été question du lieu de résidence de nos protégés jusqu’à ce jour-là. Alors je suis sortie pour aller au fond du parc, à la recherche de la cabane de bois rond. Il fallait que je repère la maison et que je livre des glands. J’étais inquiète pour eux, et j’avais aussi un peu peur. Une histoire de morsure d’écureuil qu’avait subie mon père m’avait laissée craintive d’en voir un s’approcher de trop près.

Le problème était que le fond du parc était clôturé : une haute clôture d’une dizaine de pieds.

De l’autre côté de la clôture, la forêt était assez dense, plus dense que dans le parc. J’avais beau arpenter la clôture à la recherche de la petite maison en bois, je ne la voyais pas. Je me concentrais à regarder entre les arbres, rien. Alors j’ai essayé de grimper la clôture, pour passer de l’autre côté. Rendue à mi-hauteur, j’ai eu peur. Mon pied a glissé et je me suis retrouvée pendue par les mains agrippées au grillage. Je me suis coupée aux mains, et je me suis retrouvée par terre.

Alors j’ai décidé de longer la clôture, vers le haut de la côte, en direction de la rue principale. Il fallait bien que la clôture s’arrête quelque part et de là, je pourrais la contourner et aller voir dans la forêt.

Rendue en haut de la côte, la clôture faisait le coin… bien entendu, elle entourait le terrain sur lequel se trouvait le couvent. J’ai poursuivi mon chemin, à la recherche de l’entrée. J’y suis finalement arrivée. L’idée était de longer la clôture de l’intérieur du terrain tout en cherchant la fameuse maison de bois. J’étais presque rendue à la hauteur de la maison lorsqu’une voix m’a hélée :

- Hé! Qu’est-ce que tu fais là? C’est une propriété privée ici!

[à suivre]

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